Dossier de l’appellation régionale : Vivement l’Estrie !

Dossier de l’appellation régionale : Vivement l’Estrie !

Sherbrooke, le mardi 21 juin 2022 – Soulagement, reconnaissance et enthousiasme. C’est ce que les responsables de la Société nationale de l’Estrie (SNE) ont ressenti suite à l’annonce gouvernementale effectuée plus tôt aujourd’hui par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Mme Andrée Laforest, confirmant le maintien du vocable « Estrie » pour  désigner la région administrative 05. Face à une demande de changement de nom bénéficiant de l’appui de personnalités politiques clés dans la région (ministre responsable de la région, Table des MRCs de l’Estrie, etc.) et d’organismes structurés et bien financés, une coalition formée d’élu·es et de citoyen·nes, supporté·es par la SNE, a su articuler un discours qui aura finalement réussi à s’imposer. Une preuve toute simple, mais ô combien tangible de l’appartenance au territoire et de l’importance de la faire valoir !

De la qualité du vocable « Estrie »

D’abord, à quelque chose malheur est bon : le débat sur l’appellation régionale a permis à la population estrienne de redécouvrir les qualités du toponyme « Estrie ». Présent dans le paysage régional depuis plus de 75 ans, ce toponyme, très bien enraciné dans la population estrienne, a développé au fil des décennies une importante charge historique, comme en témoigne l’existence d’un drapeau et d’un hymne régionaux. De même, sa clarté, sa simplicité, et la qualité du gentilé qui en découle sont évidentes. L’on considère aussi qu’il s’harmonise bien avec les toponymes d’autres régions du Québec tels que la Gaspésie et la Mauricie, créés notamment pour remplacer les périphrases « péninsule de Gaspé » ou « vallée du Saint-Maurice ». Enfin, il faut rappeler que l’adoption du toponyme « Estrie » en 1981 s’est appuyée sur le puissant mouvement de francisation qui anime le Québec à ce moment, ce néologisme symbolisant une réappropriation du territoire et de l’espace culturel québécois par les francophones.

De l’attractivité d’une région

De plus, comme en fait foi le texte du chercheur Michel Grossetti, les politiques publiques d’attractivité territoriale (tels congés de taxes ou… la toponymie, NDLR) n’ont que très peu d’effets. Changer d’appellation régionale pour rendre le territoire estrien plus attrayant ne se justifiait pas, alors qu’une telle approche contrevenait aux principes de la toponymie, sans garantir l’atteinte du résultat recherché. En effet, l’attrait d’un territoire repose plutôt sur la qualité de vie qu’il offre à ses citoyen·nes; sur la qualité et l’accessibilité des services publics présents; sur une économie diversifiée, qui repose sur diverses industries, de l’agriculture aux services, et qui offre des emplois de qualité pour tous et toutes; sur la beauté et la proximité de sa nature et de ses paysages; sur la force de ses institutions, privées et publiques. Pour tous ces facteurs, l’Estrie se distingue de manière avantageuse de plusieurs autres régions du Québec, alors que le seuil migratoire interrégional et les projections démographiques pour les cinq prochaines années le démontrent de manière incontestable, situant la région dans le peloton de tête des régions du Québec.

De l’importance de la science de la toponymie dans un débat… toponymique

Les responsables de la SNE sont enfin convaincus que c’est le rappel de l’importance de considérer les notions scientifiques toponymiques et les critères devant encadrer les débats portant sur la désignation d’un lieu qui a finalement primé, et avec raison. En effet, la science de la toponymie avait été jusque-là la grande absente d’un débat dont le point de départ remontait au mois d’octobre 2019, soit plus de deux ans avant la mise sur pied d’audiences publiques encadrées par la Commission municipale du Québec, et qui eurent lieu du mois de décembre 2021 au mois de mars 2022.

Fruit d’un hasard, la Commission de toponymie du Québec (CTQ), dont le mandat principal est de conseiller le gouvernement sur des enjeux liés à la toponymie, a produit et publié une nouvelle Politique relative aux changements de noms de lieux, cela alors que le débat régional était toujours en cours. Ignorant si ce cadre fut considéré dans la réflexion gouvernementale, les responsables de la SNE restent convaincus qu’une application de cette nouvelle politique au dossier de l’appellation régionale dans la région aurait clairement contribué au maintien du toponyme « Estrie ».

« La SNE salue la décision gouvernementale annoncée concernant l’Estrie, à savoir que notre belle et attrayante région sera toujours désignée par ce vocable adopté il y a désormais plus de 40 ans », a conclu le président de la SNE, Etienne-Alexis Boucher.

À propos de la SNE
La SNE est un organisme voué à la promotion de la langue française, de l’histoire et de la culture du Québec. Elle est responsable des célébrations de la Fête nationale du Québec en Estrie, puis d’activités de commémoration organisées par exemple dans le cadre du Jour du Drapeau, de la Journée internationale de la francophonie et de la Journée nationale des Patriotes. Enfin, la SNE organise des conférences et des colloques portant sur des enjeux historiques et contemporains auxquels font face l’Estrie et le Québec.

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