08 Fév Journée mondiale de la radio – 2023
Pour une radio intelligente
J’aime la radio. C’est une amie, une compagne, une présence. Mais j’avoue que je ne suis pas un ami fidèle, attentionné comme j’aimerais l’être, comme elle aimerait que je sois. Car je sais toute l’énergie qu’elle déploie pour attirer mon attention, m’intéresser, me séduire et pourtant, maintes fois, je fais la sourde oreille. Mais elle reste là, discrète mais présente… au cas où j’aurais besoin d’elle pour me calmer, me distraire, m’informer.
Pourquoi cette infidélité flagrante alors ? Bah! La vie, le temps qui manque, le chant des sirènes qui nous proposent tant de belles distractions, d’offres alléchantes auxquelles j’ai du mal à résister. RÉSISTER, un mot qu’il faut retenir.
On annonce souvent la mort de la radio alors que plein de nouvelles technologies envahissent notre espace visuel et auditif à la vitesse grand V. Mais la radio n’en est pas à une menace de disparition près. De tout temps elle a dû s’adapter et a réussi à faire face à des compétiteurs qui semblaient toujours mieux armés qu’elle. Il n’y a qu’à penser à la télévision. On disait que la radio serait écrasée, pulvérisée tant elle n’était pas de taille. Non seulement, elle a survécu mais elle a continué à se transformer, à s’épanouir. Nous lui découvrions des qualités insoupçonnées : la proximité, une forme d’intimité, la flexibilité (on pouvait l’écouter dans son lit, son auto, très loin dans les bois…), son ubiquité en somme et, bien sûr, sa pertinence. Avec elle, la conversation peut prendre son temps. On n’est pas à la seconde près, on peut s’étendre sur un sujet, en discuter sous toutes les coutures. En radio, on a du TEMPS, un mot à retenir.
Depuis un certain nombre d’années déjà, de nouvelles sirènes font entendre leur chant mélodieux, les plateformes musicales en ligne, la radio numérique en provenance de partout dans le monde, les balados, l’écoute en différé, autant d’invitations à délaisser la radio « traditionnelle » et d’aller à la rencontre de ces mirages, mirages qui n’en sont pas tous à bien y penser. Bien sûr, ils bousculent nos façons habituelles de faire de la radio et de l’écouter. Et que fait la radio dans ce nouvel environnement hostile (?). Elle bouge, se transforme, s’adapte et réussit encore à nous captiver. Un balado, après tout, c’est un morceau de radio que l’on emporte avec soi et qu’on peut déguster au moment où on est vraiment disponible, prêt à l’accueillir. La radio qui nous parvient du monde entier est l’occasion idéale de découvrir d’autres horizons et de renforcer nos liens avec nos frères humains (par la musique, entre autres). Bref, la radio survivra encore une fois. FLEXIBILITÉ, un mot à retenir.
Non, le véritable danger pour la radio vient plutôt de la radio elle-même, quand elle se maquille en tribune pour distiller le fiel, les informations fausses et des propos grossiers ou quand elle se déguise en intense entreprise de vente sous pression (les très nombreuses publicités tapageuses, les musiques qu’on nous impose et nous assène ad nauseam). La radio perd alors son âme pour la vendre au plus offrant sans discrimination et devient la radio caisse enregistreuse. Elle est alors notre pire ennemi car elle influence nos choix, notre pensée, notre culture. Le ver est dans la pomme!
Le seul antidote contre cet ennemi sournois demeure notre libre arbitre, notre capacité à faire des choix éclairés, notre ouverture et notre désir d’utiliser ce médium pour notre service et non celui des marchands de tout acabit. On l’écoutera pour s’informer, se divertir, comme une invitation à réfléchir, à découvrir, à se relier. Il faut RÉSISTER à la tentation de la facilité, prendre le temps de prendre le TEMPS d’écouter, et profiter de la FLEXIBILITÉ que nous offre la radio. La radio que l’on veut, c’est à nous de la choisir et de la faire vivre. Bonne journée mondiale de la radio!
Michel Roy, président
CFLX, 95,5 fm, La radio communautaire de l’Estrie