24 Nov L’échec de la francisation au Québec : L’Estrie a besoin d’immigrants qui parlent français
COMMUNIQUÉ – 24 novembre 2017
– Il y a quelques années, les critères d’admissibilité des personnes immigrantes au Québec ont été revus. Alors qu’on accordait auparavant une plus grande importance à l’âge, à la scolarité et au fait que les personnes parlent français, la priorité a ensuite été donnée aux compétences pour permettre aux nouveaux arrivants une plus grande facilité pour intégrer le marché de l’emploi. Cela a eu pour résultat de faire passer le taux d’immigrants francophones de 62% à 42% en cinq ans. Les investissements du gouvernement du Québec pour la francisation devaient empêcher cette conséquence prévisible, mais la vérificatrice générale constatait cette semaine l’échec des mesures mises en place, qualifiant le portrait général de fiasco.
Bien sûr, l’Estrie a besoin d’immigrants qui parlent français. L’intégration à la société québécoise et estrienne ne se fait pas sans cela. Présentement, l’État québécois offre des cours de francisation aux immigrants allophones, cela alors que leurs besoins essentiels ne sont pas comblés. Résultat? Seulement le tiers (30%) des immigrants auxquels s’adressent les programmes de francisation s’y inscrivent et, de ce nombre, seulement 10% parviennent à fonctionner quotidiennement en français au terme de leur parcours, pour un total de… 3% de succès. « Les chiffres présentés par le rapport de la vérificatrice générale sont on ne peut plus clair : la francisation des immigrants est un échec complet. En Estrie, cela signifie souvent que les personnes immigrantes quittent la région pour Montréal où elles peuvent envisager de travailler en anglais. » Cet état de fait apporte deux conséquences fâcheuses. D’abord, les immigrants ne restent pas en région pour contribuer à son développement social, économique et communautaire. De plus, ils s’installent à Montréal où ils contribuent à l’anglicisation de la métropole.
Le ministre de l’Immigration, David Heurtel, a déjà annoncé des actions qu’il compte mettre en œuvre pour pallier cette situation à l’échelle du Québec. Il propose notamment de se rapprocher de la réalité des immigrants, en connaissant mieux leurs besoins, en améliorant la concertation et en offrant de l’encadrement aux organismes qui dispensent les services de francisation. « On peut se questionner sur les moyens que pourra entreprendre le Ministre pour améliorer la concertation à travers le Québec, alors qu’il n’y plus de bureaux régionaux pour opérer, Nous déplorons d’ailleurs leur fermeture » soulève Guillaume Rousseau, vice-président de la Société nationale de l’Estrie. Et malgré qu’il reconnaisse l’urgence d’agir, M. Rousseau tient à encourager le Ministre à offrir du soutien aux organismes plutôt que d’instaurer des processus d’évaluation et de reddition de comptes coûteux et fastidieux.
On dit que 9 millions $ sont distribués par année entre 86 organismes pour aider les nouveaux arrivants à s’intégrer à la société québécoise. Cela fait tout de même seulement 105 000$ par organisme. En moyenne, il y aurait 5 organismes subventionnés par région administrative. Sans doute beaucoup plus à Montréal et à Québec que dans les autres régions. Le site du ministère Immigration, Diversité et Inclusion fait état d’une dizaine de partenaires en Estrie en plus de quatre villes et deux universités. Au-delà des résultats lamentables obtenus avec les programmes actuels de francisation, il y a peut-être lieu de se demander si l’investissement fait par le gouvernement est suffisant pour réussir une bonne intégration des personnes issues de l’immigration.
C’est donc une évidence pour la SNE : non seulement il s’avère essentiel de mettre en œuvre l’ensemble des recommandations formulées par la vérificatrice générale, mais aussi il faut repenser la structure de gouvernance liée à la francisation afin que tous les acteurs impliqués puissent agir de manière concertée, tout en ayant les moyens financiers et humains de le faire.