
22 Mai L’indépendance comme un devoir pour Bernard Landry
STÉPHANIE GIRARD – La Tribune – 22 mai 2017
– « Avez-vous déjà entendu une nation renoncer à son indépendance ou seulement avoir regretté de la faire? » a demandé l’ancien premier ministre péquiste Bernard Landry aux quelque 200 convives du déjeuner-causerie tenu en l’honneur de la Journée nationale des Patriotes.
Landry était l’invité d’honneur de cet événement présenté dimanche par le Comité estrien de la Journée nationale des Patriotes, qui célèbre chaque année ce jour spécial. Depuis 2010, le comité invite d’ailleurs les élèves du secondaire à participer à un concours portant sur l’idéal démocratique des Patriotes. Le déjeuner est ainsi l’occasion de récompenser les gagnants qui se sont démarqués dans les cinq catégories : textes romancés, affiches, bédés ou caricatures, séquence audio et séquence multimédia. Au total, 1125 $ sont remis en prix.
Pour la première fois en région, les invités ont eu la chance d’assister à la reconstitution d’une escarmouche entre les miliciens patriotes et les soldats britanniques, et ce, grâce à aux membres de la Société de reconstitution du Bas-Canada.
Jean-Marie Cliche, président du comité, rappelle que c’est grâce à une initiative estrienne qu’une journée fériée a été adoptée pour les Patriotes. C’est sous son ancien nom du Club souverain de l’Estrie que les membres fondateurs ont réussi à cumuler 1 116 000 signatures en faveur d’une Journée des Patriotes. C’est ainsi le 22 novembre 2002 que le premier ministre de l’époque, Bernard Landry, a décrété officiellement cette journée, tenue le lundi précédant le 25 mai. M. Landry était donc l’invité tout désigner pour venir célébrer le 15e anniversaire de cet événement.
L’indépendance de Bernard Landry
Dans son discours adressé aux convives, M. Landry appelle à poursuivre le combat des Patriotes pour l’indépendance. « Les nations qui peuvent être indépendantes ont non seulement le droit de l’être, mais le devoir de l’être », soutient-il.
Pour lui l’indépendance serait le plus beau cadeau que la nation québécoise pourrait se faire, nation qu’il porte très chèrement dans son coeur. « C’est facile d’aimer le Québec. Je l’ai vu aujourd’hui en voyant votre magnifique territoire. Dans l’amour, il y a une dimension physique et le Québec la possède totalement », selon l’ancien premier ministre.
Il rappelle d’ailleurs que si, au tout début, les Nations Unies ne comptaient que 50 membres, ils sont maintenant 200 à en faire partie. Cela devrait être une source d’inspiration et de motivation pour la nation québécoise.
« On a réussi notre idéal économique et notre idéal social. Maintenant on doit réussir notre idéal de fierté et de dignité. Être la simple province d’une nation moins avancée que nous dans plusieurs domaines, ce n’est pas tolérable », ajoute celui qui espère un Québec souverain pour ses descendants.
Nationaliste dans l’âme, M. Landry habite d’ailleurs une maison dont la grange a servi de lieu d’emprisonnement de Patriotes pour les Britanniques. Il est ainsi très attaché à l’histoire et aux valeurs véhiculées par les combattants.
« Les Patriotes nous ont donné la démocratie, mais il souhaitait l’indépendance. Servons-nous alors de la démocratie pour aller chercher notre indépendance! » lance-t-il aux convives, captivés par ses paroles.
Bernard Landry répète ainsi à maintes reprises qu’il ne s’explique pas que le Québec ne soit encore qu’une simple province. Les Québécois aspirent à plus, selon lui, et sont attendus au sein des Nations Unies.
« Vive la liberté, vive l’indépendance », conclut-il en rappelant les paroles écrites par François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier avant sa pendaison.
Notons que Luc Picard, qui a interprété le rôle de ce grand Patriote dans le film 15 février 1839, est pressenti pour être l’invité d’honneur du Comité estrien de la Journée nationale des Patriotes l’an prochain.
« Une ingratitude spectaculaire »
« Je ne peux pas croire qu’un chef de gouvernement national ait tourné le dos à notre histoire », déplore l’ancien premier ministre péquiste, Bernard Landry. Le refus de Philippe Couillard de hisser le drapeau des Patriotes est, selon lui, un affront à la nation.
- Landry ne saisit toujours pas comment M. Couillard peut penser d’une telle façon. « Il a parlé de violence, de non-démocratie, alors que ce sont les Patriotes qui nous ont donné la démocratie. Si Philippe Couillard a la possibilité d’être à l’Assemblée nationale, il le doit aux Patriotes. Alors c’est une ingratitude spectaculaire de sa part », exprime l’ex-premier ministre.
Rappelons que Philippe Couillard a refusé jeudi dernier de hisser le drapeau des Patriotes qui a été selon lui symbole de violence à un moment de l’histoire.
« Les Patriotes se sont battus pour la démocratie, ils ont eu des comportements exemplaires et si Philippe Couillard n’avait que quelque attachement à notre âme nationale, il saurait que sans eux, il n’aurait pas le poste qu’il a aujourd’hui », renchérit M. Landry, qui qualifie le premier ministre de méprisant. « Il a tout simplement menti. Il a déguisé l’histoire des Patriotes, il l’a diminuée. »
Et ce n’est pas la première fois que les propos de Philippe Couillard dérangent Bernard Landry. « Depuis qu’il est là, il accumule les sottises. Quand il est arrivé, il a dit que l’indépendance serait un désastre. Et ça, c’est une phrase méprisante pour notre nation », mentionne-t-il en rappelant qu’en plus de se battre pour la démocratie, les Patriotes défendaient l’indépendance.
« On ne se bat pas pour n’importe quoi. On se bat pour l’un des plus beaux idéaux que les êtres humains peuvent défendre aujourd’hui », pense-t-il.
Pour Bernard Landry, la solution est évidente.
« Il faudrait qu’une chose nous vienne à l’esprit maintenant et pour les prochaines années, et même dans pas trop longtemps j’espère. Parce que notre actuel premier ministre s’est comporté avec infamie, il faut se débarrasser de ce Philippe Couillard, qui est déconnecté de notre âme nationale. Ce serait rendre hommage aux Patriotes. Arrangeons-nous pour avoir un premier ministre qui ne dit plus de sottises, mais qui pense avec au fond de lui, l’âme nationale », fait-il valoir.
Un PQ plus près du peuple
Questionné sur la baisse de popularité que connaît présentement le Parti québécois, Bernard Landry demeure optimiste. « Heureusement que les sondages ne sont que les sondages. Le vrai sondage c’est l’élection. On a déjà été dans des situations beaucoup plus difficiles et on a passé au travers », indique-t-il.
L’ancien premier ministre voit toutefois cette situation comme un avertissement. Le parti doit maintenant réfléchir et adapter sa stratégie.
« Il faut se rapprocher le plus possible de la population. Des congrès, des rencontres régionales… il faut être proche du peuple », soutient M. Landry.
Ce dernier pense d’ailleurs que c’est par un gouvernement péquiste que les Québécois ont le plus de chance d’atteindre leur indépendance.