26 aout 1965 : Ouverture officielle de l’autoroute des Cantons-de-l’Est

Au Québec, entre 1945 et 1960, le nombre d’automobiles bondit de 228 000 à plus d’un million. L’élaboration et l’entretien d’un réseau routier adapté à cette réalité deviennent des priorités. Une première autoroute voit le jour en 1958 dans les Laurentides, avec des voies multiples et un concept de péage.

 

Au début des années 1960, on élabore un projet d’autoroute reliant Montréal aux Cantons-de-l’Est. Les obstacles sont nombreux : on estime à 2 000 tonnes les charges de dynamite utilisées sur ce chantier monumental.

 

La première pelletée de terre protocolaire a lieu le 12 juillet 1963, et la nouvelle autoroute 10 devient accessible le 21 décembre 1964. Elle permet de relier Sherbrooke et le pont Champlain en environ 90 minutes, ce qui est beaucoup plus bref qu’avec l’antique route 1, l’actuelle 112. Avec ses deux voies dans chaque direction, la 10 facilite les dépassements. Il faut y circuler entre 50 et 70 mi/h (80 à 112 km/h), une pénalité étant même prévue pour ceux qui vont trop lentement!

 

À partir du 1er janvier 1965, cinq postes de péage sont en activité (Magog, Waterloo, Granby, Marieville, Chambly). Il faut y verser 25 cents dans un panier fixé à une guérite, sauf à Chambly (50 cents), en plus d’un autre 25 cents au pont Champlain. Quel plaisir pour les enfants d’avoir le privilège de faire ce « dépôt »! Avec ces sommes, le gouvernement espère financer cette infrastructure – environ 60 millions de dollars – et son entretien. L’autoroute des Cantons-de-l’Est a aussi son originalité. En effet, chaque sortie est identifiée par un numéro identifiant la distance en milles la séparant du point d’origine, à l’extrémité est du pont Champlain.

 

L’inauguration officielle a lieu le 26 aout 1965 en présence du premier ministre du Québec, Jean Lesage. Elle réjouit ceux qui déploraient la congestion observée dans plusieurs villes et villages estriens. Le transport plus rapide des marchandises arrive notamment à point nommé pour les villes industrielles de la région. La vocation touristique des Cantons-de-l’Est profite également de cette voie facilitant l’accès aux visiteurs.

 

En contrepartie, avec la 10, il devient possible de traverser la région sans la découvrir. De nouveaux défis font surface. Comment persuader les visiteurs de prendre une sortie au lieu de continuer leur chemin en direction de Montréal, de Drummondville par la 55 (future autoroute Joseph-Armand-Bombardier) ou, toujours par la 55, des États-Unis? Une même préoccupation existe à l’endroit des touristes de la Nouvelle-Angleterre que l’on voudrait bien garder dans les Cantons-de-l’Est.

 

Les péages prennent fin en 1985 sur l’autoroute 10, puis en 1990 au pont Champlain. Au début du XXIe siècle, le système de l’utilisateur-payeur sera de nouveau considéré comme une solution au financement du réseau routier québécois. Mais pour les usagers de l’autoroute des Cantons-de-l’Est, les péages demeurent en ce moment un lointain souvenir.

 

Serge Gaudreau

Maurice Langlois

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3e trimestre 2020