Le 22 juin 1990, après l’échec de l’Accord du lac Meech, le premier ministre Robert Bourassa, chef du Parti libéral du Québec, prononça un discours à l’Assemblée nationale qui a ébranlé bien des cœurs : « Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement. »
Trois ans plus tard, Brian Mulroney, le « p’tit gars de Baie-Comeau », dépité de n’avoir su persuader le ROC (Rest of Canada) de permettre au Québec de rejoindre le giron canadien dans « l’honneur et l’enthousiasme », démissionna de son poste de premier ministre du Canada.
Élu aux élections fédérales de 1993, le nouveau premier ministre canadien, le « p’tit gars de Shawinigan », Jean Chrétien, chef du Parti libéral du Canada, doit faire face à Jacques Parizeau chef du Parti Québécois et premier ministre élu en 1994. Ce dernier annonça la tenue d’un deuxième référendum sur la souveraineté du Québec pour l’automne de 1995. Les forces du OUI comptaient dans ses rangs, non seulement les militants du Parti Québécois, mais aussi ceux de l’Action démocratique du Québec (ADQ) de Mario Dumont et Jean Allaire, qui avaient quitté le Parti libéral du Québec un an plus tôt pour fonder l’ADQ. Jacques Parizeau pouvait compter aussi sur le Bloc Québécois, nouvellement constitué suite à l’échec de l’Accord du lac Meech. Quant aux forces du NON, dirigées au début par Daniel Johnson, chef du Parti libéral du Québec, elles ont plutôt miser sur le premier ministre canadien, Jean Chrétien pour mener la campagne. Mais il fallait faire vite car, à la mi-octobre, le camp du OUI obtenait une majorité des voix selon les sondages, une situation inquiétant considérablement les militants du NON. Jean Chrétien organisa un grand rassemblement à Montréal regroupant des Canadiens de partout au pays venus dire aux Québécois combien ils les aimaient ! Ce grand rassemblement, surnommé le « Love In », suscita beaucoup de remous dans l’opinion publique, certains critiquant cette « intrusion » dans les affaires québécoises, d’autres le considérant comme une marque de solidarité envers le peuple québécois.
Le soir du référendum, on pouvait compter sur une participation record de 93 % de la population ayant le droit de voter ! Les résultats furent si serrés, environ 50 000 votes séparaient les deux camps, permettant au camp du NON de l’emporter. Des irrégularités furent signalées quant à la participation d’immigrants qui avaient obtenu leur nationalité de façon accélérée le mois précédant le référendum, sans compter le nombre de votes rejetés, soit 86 500, et sans compter les électeurs inscrits illégalement… et qui ont été condamnés suite à l’enquête du Directeur général des Élections du Québec. Jacques Parizeau a déclaré ce soir-là que la défaite du camp du OUI avait été causée essentiellement par « l’argent et des votes ethniques ». Cette phrase lapidaire l’obligea à démissionner dès le lendemain.
Ce deuxième référendum brisa les rêves de plusieurs militants souverainistes et rassura le ROC sur l’unité du pays.
Luc Guay, Ph. D, didactique de l’histoire
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke