Bataille de St-Denis – 1837

1. Pourquoi une bataille a-t-elle eu lieu ce 23 novembre 1837?
Il faut remonter en 1834 lorsque les députés du parti Patriote, dirigés par Louis-Joseph Papineau, avaient soumis au Parlement britannique, un document contenant 92 Résolutions visant entre autres, l’obtention d’un gouvernement responsable et l’abolition du droit de véto du gouverneur général sur les lois votées par la Chambre d’Assemblée. Ces Résolutions furent rejetées en 1837 par le Parlement de Londres, c’est alors que les députés patriotes organisèrent une cinquantaine d’assemblées populaires qui le devinrent tellement que le gouverneur Gosford les interdit, les jugeant anti britanniques.

 

Des militants patriotes faisant partie des Fils de la Liberté, ont été emprisonnés en novembre 1837 parce qu’ils s’étaient défendus des attaques des membres du Doric Club. Deux de ces prisonniers furent libérés lors d’une embuscade patriote, ce qui a constitué le prétexte recherché par le gouverneur pour mâter ce qu’il considérait comme une insurrection. La tête de 26 chefs du parti Patriote, dont celle de Papineau furent mises à prix et ce dernier a dû se réfugier chez des membres de sa parenté à St-Denis-sur-Richelieu. Le docteur Wolfred Nelson, son collègue, s’y trouva également et prit le commandement des miliciens qui s’étaient déplacés au village pour protéger Papineau et les autres chefs du parti patriote.

 

Personne ne voulut « vendre » Papineau aux autorités britanniques. C’est pourquoi une troupe composée de 500 soldats britanniques possédant canons, fusils et baïonnettes partirent de leur campement de Sorel durant la nuit et par temps glacial, afin de prendre par surprise les 300 miliciens patriotes qui s’y trouvaient. Soulignons que la moitié de ces miliciens ne possédaient pas de fusils, les autres n’étaient armés que d’épées, de faux, de bâtons…De plus, ces miliciens n’avaient jamais été entraînés à la stratégie militaire.

 

2. Le déroulement de la bataille
Au petit jour, le colonel Gore et sa troupe qui avaient dû marcher 30 km dans des conditions difficiles, furent accueillis par les miliciens qui eurent le bonheur de voir arriver en renfort des villages voisins, quelques 600 partisans patriotes armés de bâtons et de faux: cachés derrière les murs de pierre des maisons, ils réussirent à faire retraiter les britanniques vers 15 heures. La stratégie britannique était de prendre en serre les militants patriotes grâce à l’arrivée des troupes britanniques venant du fort de Chambly : ces dernières ne se rendirent pas à St-Denis, faute de mésentente avec l’état major britannique.
Toute une victoire du côté patriote, mais quel revers pour les soldats britanniques. Il y eut toutefois 12 morts et 7 blessés du côté patriote, et 6 morts et 10 blessés du côté britanniques.

 

3. Interdiction d’ensevelir les partisans patriotes en sol catholique
Forts des mandements de monseigneur Lartigue, évêque de Montréal et cousin de Papineau, le curé Demers et son vicaire refusèrent d’ensevelir les partisans patriotes morts durant la bataille, parce qu’ils contrevenaient à ces mandements. L’indignation de la population fut telle, que le curé et son vicaire durent s’enfuir en toute vitesse de la paroisse!
Cette victoire patriote annonçait bien entendu, une revanche du côté britannique, mais où et quand? Voilà la question qui titillait les miliciens patriotes! La réponse survint deux jours plus tard, à St-Charles-sur-Richelieu…

 

Luc Guay, Ph.D
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke

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4e trimestre 2022, Régime britannique