Bataille de Fort Necessity – 1754

  1. Les débuts de la guerre de Sept Ans

Cet incident violent représente une des premières escarmouches de la guerre de Sept Ans opposant les Britanniques aux Français en Amérique du Nord. Cette bataille survint dans la foulée de la mort controversée du sieur de Jumonville, survenue le 28 mai 1754. Ce fort britannique, consistant essentiellement en une palissade de bois entourée d’un fossé, avait été construit en mai 1754 dans la vallée de l’Ohio en réponse à la construction du Fort Duquesne (Pittsburgh) par les Canadiens un mois plutôt. Les Britanniques contestaient ainsi ouvertement le contrôle des Français sur la riche vallée de l’Ohio.   

  1. La mort de Jumonville fut vengée

Pour s’opposer à la construction du Fort Necessity, les autorités françaises dépêchèrent un détachement d’une trentaine d’hommes commandé par le sieur de Jumonville. Le campement canadien-français, établi dans la clairière de Great Meadows à 10 km du fort britannique, est attaqué par surprise par une quarantaine de miliciens virginiens conduits par le lieutenant-colonel George Washington, alors âgé de 22 ans. Lors de cette courte embuscade de 15 minutes, 9 canadiens-français sont tués et 21 sont faits prisonniers, dont Jumonville qui est blessé. Un seul canadien réussit à s’échapper pour aller informer la garnison au Fort Duquesne. Les Virginiens ne comptent qu’un mort et deux blessés. Ces derniers se retirent ensuite au Fort Necessity, laissant Jumonville parmi les morts.  

Le capitaine Louis Coulon de Villiers, le frère de Jumonville, se vit confier à la fin juin 1754 le commandement d’une troupe de 500 soldats français et canadiens pour venger son frère et s’emparer du Fort Necessity où s’étaient retranchés 300 soldats virginiens et 100 caroliniens du Sud. Les troupes canado-françaises encerclèrent rapidement le Fort Necessity le 3 juillet alors que la région subissait de violentes pluies battantes.  Les combats durent de 11 heures jusqu’à 20 heures. La situation devenait désespérée pour les hommes de Washington : la poudre à canon était mouillée, les munitions épuisées et près d’un tiers des miliciens américains était tué ou blessé. C’est alors que le capitaine Villiers proposa à ces derniers une reddition qui fut acceptée par Washington. 

  1. Une défaite amère de George Washington

Washington se fit donc représenter par un de ses capitaines. Or, Villiers inséra dans l’acte de reddition un article dans lequel Washington reconnaissait avoir ordonné l’assassinat de Jumonville. Ignorant l’inclusion de cet article, Washington signa le 4 juillet l’acte de capitulation qui avait été rédigé en français. Les miliciens américains furent ainsi autorisés à retourner chez eux avec leurs armes, leurs drapeaux et leurs bagages personnels. Ils laissèrent toutefois deux otages sur place comme garantie de la restitution des prisonniers du détachement de Jumonville. Le Fort Necessity ayant été cédé aux forces françaises, Villiers ordonna qu’il soit incendié. 

Les Britanniques attribuèrent la capture du Fort Necessity à l’incompétence de Washington. Plus encore, l’acte de capitulation, contenant les aveux signés de Washington, représentait un document important de propagande pour le gouvernement français. En conséquence, Londres décida de réaffirmer sa détermination à contrôler la vallée de l’Ohio en envoyant en 1755 un important corps expéditionnaire, incluant deux régiments britanniques, avec mission de s’emparer du Fort Duquesne et de chasser les Français de la région.  Cette force régulière britannique, conduite par le général Edward Braddock, allait subir le 9 juillet 1755 une cuisante défaite face à la milice canadienne à la bataille de Monongahela. Ainsi, la bataille du Fort Necessity marqua vraiment le début de la guerre de Sept Ans en Amérique.

 

Gilles Vandal, Ph.D
Professeur émérite de l’Université de Sherbrooke

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3e trimestre 2024, Régime français