Élection fédérale : le Bloc Québécois forme l’opposition officielle à Ottawa – 1993

  1. La fondation du Bloc Québécois 

L’échec de l’« Accord du Lac Meech » en 1990 a modifié le portrait politique du Canada.  Voyons pourquoi.  Soulignons dans un premier temps que cet échec de cet accord se rapportant entre autres à la reconnaissance du Québec comme société distincte a suscité bien des mécontentements dans les rangs tant Conservateurs que Libéraux de la députation fédérale :  en effet, des députés québécois de ces deux partis ont quitté leur parti respectif pour en former un nouveau ayant pour mission de servir les intérêts du Québec au Parlement d’Ottawa. Et c’est un ténor du parti Conservateur qui le présida, soit Lucien Bouchard, lieutenant politique de Brian Mulronney, Premier ministre du Canada.

 

  1. Le Bloc comme parti d’opposition officielle à…Ottawa!

Et quelle ne fut pas la surprise générale que d’apprendre lors des élections fédérales de 1993, que ce tout jeune parti politique devint le parti de l’opposition officielle à la Chambre des Communes!  Imaginons un peu la mine déconfite des députés du ROC (Rest of Canada) de voir un parti indépendantiste et qui plus est, social démocrate, à la barre de l’opposition officielle!  Rappelons les résultats inusités de cette élection fédérale de 1993 :  d’une part, les Libéraux dirigés par Jean Chrétien obtinrent une majorité confortable en faisant élire 177 députés sur les 295, soit 60% des sièges en ayant obtenu 41% des suffrages.  Puis, les Bloquistes de Lucien Bouchard firent élire 54 députés, tous du Québec, devant les Réformistes de Preston Manning avec 52 sièges, le NPD de Audrey McLaughlin n’ayant fait élire que 9 députés et les Conservateurs de Kim Campbell que…deux députés!  Il faut  comprendre que la fragmentation des votes a permis au Bloc Québécois de se faufiler devant les Réformistes, le NPD et le parti Conservateur.

 

  1. Un pays fragmenté qui sied bien aux Libéraux

Ainsi, de 1993 jusqu’aux élections de 1997, le Bloc s’est fait non seulement le porte-parole des Québécoises et des Québécois mais aussi sur les questions d’ordre économiques et sociales dans les échanges au Parlement ainsi que lors des analyses et des critiques portant sur les projets de lois présentés par les Libéraux de Jean Chrétien.  Mais c’est aussi  le début d’un long règne libéral étant donné qu’aucun parti pan-canadien, pour le moment, ne pouvait rivaliser avec la machine Rouge. Le « portrait » politique du pays s’en trouva profondément modifié puisque le Reform Party, un parti d’extrême droite, étendait son influence sur l’Ouest canadien, le Bloc, sur le Québec, les Libéraux sur l’Ontario et les Maritimes mais n’obtenant que 15% du vote francophone du Québec.

 

  1. Le départ de Lucien Bouchard pour le PQ

De 1993 à 1995, le Bloc Québécois s’est rallié au Parti Québécois dans la campagne référendaire de 1995 et cet appui a presque été suffisant pour que le camp du OUI l’emporte avec ses 49,4% lors de ce scrutin. Soulignons qu’il a été démontré que les tenants du NON avaient commis des malversations qui ont été dénoncées par les cours de justice.  Ce soir de défaite référendaire, Jacques Parizeau, le Premier Ministre du Québec, démissionna de son poste laissant la place à Lucien Bouchard qui quitta le Bloc pour le Parti Québécois et remplaça Jacques Parizeau comme Premier Ministre après avoir été élu lors d’une élection partielle à Jonquière en février 1996. 

 

Le départ de Lucien Bouchard a créé un certain remous au sein du Bloc qui a confié les rênes de la présidence à Michel Gauthier puis à Gilles Duceppe en 1997.

 

Luc Guay, Ph.D
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke

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4e trimestre 2023, Régime canadien