- Comment gérer Montréal?
À L’époque de la Nouvelle-France, Montréal était gérée par un gouverneur local et bientôt les Montréalais demandaient de pouvoir gérer les affaires locales. Après la conquête (1763), les autorités britanniques choisirent de remplacer le système français de gestion de la ville par une administration municipale dirigée par des magistrats et des juges de paix nommés par le gouvernement royal à Québec. Or, les magistrats municipaux s’avéraient des plus inefficaces à fournir des services adéquats dans le maintien de l’ordre, l’éclairage public, le prélèvement des taxes, ainsi que les autres services publics exigés par une ville dynamique en pleine expansion.
- Montréal se développe grâce au canal Lachine
En effet, Montréal connut une forte croissance à partir de 1825 avec l’ouverture du canal de Lachine qui permit aux navires de contourner les rapides de Lachine non navigables situés dans la section sud-ouest de l’île de Montréal. Ce canal stimula fortement le développement de la ville en encourageant le commerce. Ainsi, Montréal dépassa rapidement la ville de Québec en termes de population. En attirant un grand nombre d’immigrants en provenance de la Grande-Bretagne, la population de la ville passa de 22 500 habitants en 1825 à 29 500 en 1830, 40 000 en 1841 et 44 600 en 1844. Cette croissance démographique survint en dépit de la grave épidémie de choléra qui frappa la ville en 1832 et les années suivantes et qui firent des milliers de morts.
- Une incorporation en 1832
Montréal fut incorporée officiellement à part entière comme ville en 1832. La ville obtint son autonomie et pouvait librement s’administrer. En concordance avec sa première charte, les citoyens de Montréal obtenaient le privilège d’élire 16 conseillers municipaux, soit deux par quartier. Tout homme âgé de 21 ans et possédant une propriété à l’intérieur de la ville était considéré comme électeur. Les conseillers remplissaient leur fonction de manière bénévole pour un mandat d’un an et les personnes élues ne pouvaient pas refuser le poste sans raison valable, sans quoi ils étaient passibles d’une amende de 25 livres. Par ailleurs, il revenait au Conseil municipal de désigner un maire. Il faudra encore attendre 20 ans pour voir le maire être élu par la population.
- Le premier maire élu par la population : Jacques Viger
Jacques Viger, un journaliste, officier de la milice, arpenteur municipal responsable des ponts et chaussées depuis 1813 et archiviste, fut élu comme premier maire de Montréal en juin 1833. Il allait l’être de nouveau en 1834 et 1835. Tout en devenant maire, Viger conserva son poste d’arpenteur et de superintendant de l’entretien des ponts, des routes et rues. Aussi, ses détracteurs insinuèrent qu’en conservant ces deux fonctions, il s’avérait inefficace et incapable de ne remplir correctement ni l’une ni l’autre de ses tâches.
En plus de réorganiser les forces de police, le nouveau Conseil chercha à répondre à la crise sanitaire révélée par l’épidémie de choléra. En conséquence, il adopta des règlements municipaux interdisant de jeter « de l’eau sale, des cendres, de la suie ou toute saleté » dans les rues. De plus, les fosses septiques devaient être maintenues propres et les propriétaires fonciers avaient l’obligation de nettoyer une fois par semaine les rues pavées devant leur propriété. Finalement, des travaux publics furent entrepris pour drainer les zones marécageuses.
- Suspension du Conseil municipal lors de la rébellion des Patriotes
Dans la foulée des manifestations lors de la rébellion de 1837, lord Gosford, gouverneur général suspendit le Conseil municipal de Montréal en novembre 1836. Le fait que Viger était le cousin de Louis-Joseph Papineau, joua surement un rôle. Gosford ne voulait pas que le Conseil de Montréal devienne un centre de mécontentement. La ville fut placée sous administration militaire. En 1840, une nouvelle charte fut octroyée à Montréal par laquelle le maire et les conseillers étaient nommés par le gouverneur général. Peter McGill fut ainsi désigné comme deuxième maire de la ville.
Gilles Vandal, Ph.D
Professeur émérite, retraité de l’Université de Sherbrooke