Création de la société générale de financement – 1962

1. « Maîtres chez nous »
Lorsque le gouvernement libéral de Jean Lesage avait entrepris, en 1960 la modernisation du Québec, il se devait de mettre en place, entre autres, des mécanismes économiques susceptibles de la réaliser. Il fallait, non pas partir de zéro, mais bien de réorganiser les structures économiques mises en place sous les gouvernements précédents. Le slogan politique du parti libéral n’était-il pas « Maîtres chez nous » en 1962, signifiant par là qu’il fallait que les Québécoises et les Québécois prennent en main les leviers économiques de leur territoire. La tâche était gigantesque, mais elle fut relevée de belle façon, et ce, grâce à la vision de hauts fonctionnaires, dont Jacques Parizeau.

 

2. La gestion de l’économie selon Jacques Parizeau
Monsieur Parizeau était professeur aux HEC depuis 1955 quand il fut approché par le Premier ministre Lesage pour occuper à partir de 1961, le poste de conseiller économique du gouvernement. Il avait fait valoir que les Québécois francophones ne géraient même pas 20% de l’économie du Québec, le restant l’était par les anglophones du pays et les Américains! Il fallait que ça change affirmait-il. C’est ce qui avait fait dire à Jean Lesage : « le colonialisme économique n’est plus acceptable pour les Québécois ». Mais quoi faire? Comment le faire?

 

3. « Par la SGF, notre peuple pourra entreprendre sa propre libération économique » (Jean Lesage, 1962).

Parizeau et ses collègues sont alors partis avec leurs bâtons de pèlerins et ont réussi à convaincre quelques institutions financières, dont le Mouvement Desjardins, qui avait consenti à investir 50% de la cagnotte dont le capital autorisé était de 150 millions$. Avec le capital ainsi amassé, le gouvernement pouvait soutenir les entreprises québécoises en difficulté et de financer des projets susceptibles de faire croître la richesse au Québec. C’est dans ce contexte que naquit la Société générale de financement le 12 juin 1962. Elle allait devenir le « bras financier » du gouvernement du Québec en lui permettant de moins dépendre, économiquement parlant, des capitaux étrangers.

 

4. Pas facile de jouer dans les ligues majeures de la finance!
Malgré toutes les bonnes intentions des fondateurs et des administrateurs de la SGF, cette dernière connut son lot de difficultés du fait qu’en plus d’aider les petites, moyennes et grandes entreprises à tirer leurs épingles du jeu dans le monde financier, il lui fallait obtenir des rendements suffisamment intéressants pour attirer et retenir des actionnaires. Comme ce ne fut pas le cas, la SGF connut des difficultés de ce côté. De plus, le gouvernement racheta du Mouvement Desjardins toutes ses actions en décembre 1972. Notons que le gouvernement du Québec avait investi 2,6 milliards$ de 1962 à 2010 et qu’il ne restait dans les coffres de la société d’État que 1,8 milliard$ soit un rendement de -1%. Il fallait remédier à cela, et vite…

 

5. Une fusion avec une autre société d’État
Devant les résultats décevants de la SGF au cours des années, le gouvernement libéral de Jean Charest a procédé à la fusion de la SGF, qui comptait alors une centaine d’employés, avec la société d’État Investissement Québec (IQ). Cette dernière avait été créée par le ministre péquiste des finances, Bernard Landry en 1998, afin d’activer encore plus l’intervention de l’État dans les affaires financières en lui offrant les moyens de ses ambitions. En 2011, cette nouvelle société d’État compta 450 employés.

 

Luc Guay, Ph.D
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke

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2e trimestre 2022, Régime canadien