1. Une université nouveau genre!
Le réseau de l’Université du Québec fut fondé en décembre 1968 par l’Assemblée nationale du Québec. Il représentait le dernier palier supérieur dans la réforme de l’éducation instaurée par la Commission Parent au début des années 1960. À l’automne 1967, Jean-Jacques Bertrand, ministre de l’Éducation, énonça les deux priorités du gouvernement Johnson, soit améliorer la formation des enseignants et développer l’enseignement supérieur. Pour ce faire, il constitua un comité spécial au sein du Conseil supérieur de l’éducation avec comme mandat d’intégrer la formation des maîtres à l’appareil universitaire en fermant les Écoles normales, d’examiner la création d’une université francophone à Montréal et d’envisager la création de centres universitaires à Trois-Rivières, Chicoutimi et Rimouski.
Dès décembre 1967, le comité spécial déposa un rapport préliminaire et soumettait ses premières recommandations en janvier 1968. Le concept de la création d’une nouvelle institution, soit l’Université du Québec, était proposé. Celle-ci devait avoir un cadre administratif intégré. Le comité spécial poursuivit ses travaux et remit en juin 1968 une série de rapports pour définir le cadre opérationnel de la nouvelle institution et de ses constituantes. Jean-Jacques Bertrand, devenu entre-temps premier ministre, déposa le projet de loi 88 le 5 décembre 1968 sur la création de l’Université du Québec.
2. Une triple mission
L’ouverture des cégeps en 1967 entrainait un afflux d’étudiants voulant accéder à l’université. Mais les universités francophones existantes ne pouvaient accepter que 40% des diplômés des cégeps qui avaient le système des Collèges classiques. Aussi, d’entrée de jeux, l’Université du Québec allait représenter un élément central de la réforme de l’éducation préconisée par la Commission Parent. Le réseau a un caractère essentiellement public et se vit octroyer dès le début une triple mission : favoriser l’accès à la formation universitaire, contribuer au développement scientifique du Québec et participer au développement de ses régions.
3. Un siège social et 10 établissements
L’Université du Québec a son siège social à Québec. Son réseau comprend 10 établissements, soit six universités, un institut de recherche et trois établissements d’enseignement supérieur, soit l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), l’Université du Québec en Outaouais (UQO), l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), l’École nationale d’administration publique (ENAP), l’École de technologie supérieure (ÉTS) et la Télé-université (TÉLUQ).
4. Une réponse aux besoins pressants de formation universitaire
La création de l’Université du Québec coïncide avec une explosion démographique liée aux baby-boomers qui envahissaient alors le réseau universitaire. D’ailleurs, entre 1968 et 1978, le nombre d’étudiants universitaires au Québec passa de 45 000 à 90 000. La création de l’Université du Québec permit d’absorber ces nouveaux étudiants. De plus, elle permit aussi au réseau supérieur d’éducation québécois d’offrir des programmes de formation dans les régions éloignées hors des trois grands centres universitaires qu’étaient alors Montréal, Québec et Sherbrooke.
En proposant la création de l’Université du Québec, le gouvernement Bertrand était conscient de poser un geste capital dans le développement de l’éducation supérieure et préconiser ainsi le progrès de la société québécoise tout entière. Les activités du réseau se répartissent aujourd’hui dans 54 villes du Québec et le réseau offre plus de 1 000 programmes d’études dans les trois cycles à plus de 100 000 étudiants et étudiantes.
Gilles Vandal, Ph.D
Professeur émérite, retraité de l’Université de Sherbrooke