Décès de Louis Saint-Laurent – 1973

  1. Naissance à Compton, en Estrie

Louis Stephen St Laurent, le deuxième Canadien français à devenir Premier ministre du Canada, est décédé en juillet 1973 à l’âge de 91 ans. Il est né en 1882 à Compton dans un village de l’Estrie alors largement anglophone. De père Canadien français et de  mère Canadienne irlandaise, une unilingue anglophone, il grandit ainsi dans un milieu parfaitement bilingue.

  1. D’avocat à ministre dans le cabinet de King

Après avoir effectué des études de droit à l’université Laval, St Laurent  plaida à plusieurs reprises devant la Cour suprême du Canada. Possédant son propre cabinet d’avocats,  il fut aussi professeur à la faculté de droit de l’université Laval et assuma la présidence de l’Association du Barreau canadien de 1930 à 1932. À deux reprises, il refusa une nomination à la Cour suprême.

Ardent partisan du Parti libéral du Canada depuis son enfance, St Laurent débuta sa carrière politique en 1942 à l’âge de 60 ans. Le premier ministre libéral William Lyon Mackenzie King fit appel à son sens du devoir  pour remplacer Ernest Lapointe, son lieutenant québécois, qui venait de décéder. Élu lors d’une élection partielle en février 1942, King le nomma immédiatement ministre de la Justice. St Laurent apporta un soutien crucial et indéfectible à King dans le débat sur la conscription. Par ailleurs, il supervisa la mise en place des allocations familiales en 1944 et appuya en 1945 le renforcement du programme de pension de vieillesse et d’assurance maladie.

  1. De ministre à Premier ministre

En 1946, St Laurent ministre des Affaires étrangères se démarqua en montrant que la politique étrangère canadienne n’était plus qu’un simple prolongement de celle de la Grande-Bretagne. Participant aux travaux de la création de l’ONU, il préconisa la mise en place d’une force permanente d’intervention  pour préserver la paix. Cette idée fut actualisée en 1956 avec la création du programme des Casques bleus sous l’égide de l’ONU. Ardent anticommuniste, il proposa la création d’un accord de sécurité transatlantique qui aboutit en 1949 à la création  de l’OTAN. Il négocia aussi avec la Grande-Bretagne en 1947 et 1948 le transfert de Terre-Neuve comme 10e province canadienne.

King lui céda finalement la place comme Premier ministre en novembre 1948. Il allait rester au pouvoir jusqu’en 1957, remportant haut la main les élections générales de 1949 et 1953. Sous sa gouvernance, le Canada connut une période de prospérité et un grand rayonnement international. Comme Premier ministre, il étendit le rôle international du Canada dans le monde comme puissance moyenne en identifiant cinq créneaux majeurs : opposition au totalitarisme, appui à l’OTAN, soutien à l’ONU, intervention en Corée et médiateur pour la paix.

En politique intérieure, il remboursa les dettes contractées durant la guerre et supervisa l’expansion des programmes sociaux tels que la pension de vieillesse, les allocations familiales, la loi nationale sur l’habitation, l’assurance maladie et le financement de l’enseignement universitaire. En plus d’avoir créé le système des REER en 1957, il introduit, la même année, le système de péréquation pour venir en aide aux provinces les plus pauvres. Il en profita aussi pour mener d’immenses projets de travaux publics avec le développement de l’autoroute transcanadienne, le pipeline canadien et la voie maritime du Saint-Laurent.

  1. L’usure du pouvoir

Mais après 22 ans de pouvoir, le parti libéral apparut usé et extrêmement arrogant. Critiqué de toute part, il semblait s’être aliéné les Canadiens et donna l’impression d’être de plus en plus corrompu. Par ailleurs, âgé de 75 ans, St Laurent semblait fatigué. Néanmoins, il perdit de justesse les élections de 1957 contre le Conservateur John Diefenbaker. Le résultat fut un choc pour St Laurent qui décida de se retirer de la vie politique. Il décéda 16 ans plus tard en 1973.

 

Gilles Vandal, Ph.D
Professeur émérite, retraité de l’Université de Sherbrooke

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3e trimestre 2023, Régime canadien