Le Bloc Québécois a été fondé en 1990 suite à la non ratification de l’Accord du Lac Meech, projet d’accord constitutionnel que le Premier ministre fédéral Brian Mulroney avait piloté depuis 1987 et qui fut « enterré » en 1990 après son rejet par les Premiers ministres du Manitoba, du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve.
Rappelons les faits.
Lucien Bouchard, alors ministre dans le gouvernement conservateur de Brian Mulroney, déçu du rejet de l’Accord du Lac Meech, démissionne le 22 mai 1990 de son poste puis participe à la fondation du Bloc Québécois avec des députés provenant du Parti Progressiste Conservateur et du Parti Libéral du Canada. C’est lors d’un scrutin partiel tenu à Montréal en aout 1990 que Gilles Duceppe fut le premier député élu sous la bannière du Bloc Québécois, dans la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Un parti politique indépendantiste à Ottawa
La promotion de la souveraineté du Québec et la défense des intérêts des Québécoises et des Québécois sont bien inscrites dans le programme du Bloc Québécois et ce, au grand dam des autres partis politiques siégeant à Ottawa, qui ne voient dans ce parti qu’un mouvement qui s’essoufflera bientôt…
Le Bloc Québécois devient l’Opposition officielle à Ottawa
Malgré le fait que les députés du Bloc Québécois ne sont issus que du Québec, le parti réussit à devenir l’Opposition officielle du Parlement canadien en 1993 en faisant élire 54 députés, alors que le Parti Conservateur n’en fait élire que deux! Le chef du Bloc Québécois, Lucien Bouchard devint donc chef de l’Opposition officielle du gouvernement canadien! Qui l’eût cru !
Le scandale des « commandites » : la corruption dénoncée par le Bloc Québécois
Les pressions exercées par le Bloc Québécois sur le parti Libéral dirigé par Jean Chrétien et portant sur l’inoubliable « scandale des commandites », ont mené à la mise en place, en 2004 de la « Commission d’enquête sur le programme de commandites et les activités publicitaires ». Le mécontentement provoqué par ce scandale permit au Bloc Québécois et à son chef de 1997 à 2011, Gilles Duceppe, de faire élire, au scrutin de 2004, 54 députés, affaiblissant ainsi le Parti Libéral qui dut se contenter d’un gouvernement minoritaire. Aux élections suivantes, en 2006, le Bloc Québécois fit élire 51 députés, alors que le Parti Conservateur dut aussi se contenter d’un gouvernement minoritaire. Le même scénario se produisit au scrutin de 2008.
La vague « orange » de Jack Layton
Au scrutin de 2011, lors de la fameuse vague « orange » menée par le chef néo démocrate, Jack Layton, le Bloc n’obtint l’élection que de quatre députés : la vague emporta aussi le chef du Bloc, Gilles Duceppe, qui démissionna de son poste. Des querelles internes ont provoqué un désengagement de la part des militants du parti, les chefs se succédant n’ont pas réussi à retrouver les appuis d’antan jusqu’à l’arrivée du nouveau chef, Yves-François Blanchet qui a réussi à faire élire 32 députés lors du scrutin de 2019.
Luc Guay, Ph.D, professeur retraité de l’Université de Sherbrooke.