Naissance de Lionel Groulx – 1878

  1. Un prêtre…historien 

Ordonné prêtre en 1903,  l’abbé Lionel Groulx a été mieux connu comme professeur d’histoire à l’Université de Montréal de 1915 à 1949.  Il est aussi reconnu comme historien tant ses écrits et son engagement pour mieux faire connaître l’histoire nationale, en ont fait une vedette en son temps.  Il a aussi procédé à la fondation de l’Institut d’histoire de l’Amérique française (1946) ainsi que de la Revue d’histoire de l’Amérique française (1947), deux institutions incontournables pour l’étude et l’approfondissement de l’histoire du Québec. Enfin, il a obtenu et dirigé la première Chaire d’histoire à l’Université de Montréal.  Tout un parcours pour ce petit prêtre qui a fourbu ses armes à Valleyfield!

 

  1. Un historien nationaliste

Groulx est qualifié d’historien nationaliste pour avoir travaillé particulièrement sur l’aspect identitaire du Québec francophone et catholique.  La richesse de ses recherches (il a lu, analysé et critiqué à peu près tous les historiens de son époque qui ont travaillé sur l’histoire du Québec et du Canada…) et la richesse de ses interventions (tant dans ses cours à l’Université que ses conférences pour le grand public) ont permis aux Québécois de mieux saisir leur histoire nationale.  C’était un travailleur acharné.

Mais au-delà des qualificatifs qu’on lui a accolés, reconnaissons en Groulx, le passeur culturel qu’il s’est efforcé d’être :  il a voulu, non pas magnifier l’histoire du Québec à travers le prisme de l’histoire canadienne, mais en permettant aux Québécois et aux Québécoises de s’initier à la science historique à partir de l’état des connaissances de son époque. Dans une de ses conférences, il a même déclaré en 1937 : «Qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas, notre État français, nous l’aurons»!

 

  1. Un passeur culturel controversé 

Aujourd’hui, des historiennes et des historiens lui reprochent un aspect de son enseignement qu’ils qualifient de trop peu scientifique étant donné l’importance qu’il accordait à l’intervention divine dans les événements qui ont façonnés le Québec.

On lui a même reproché d’avoir eu des penchants antisémites dans des articles qu’il aurait rédigés pour le journal Le Devoir : dans sa thèse de doctorat, Édith Deliste soulignait qu’à cette époque plusieurs intellectuels québécois, dont Lionel Groulx, étaient xénophobes et racistes, propos qui ont été relayés par le polémiste Mordecai Richler qui s’est toujours empressé de démoniser le Québec francophone.  Ces propos ont fait réagir quantité d’autres historiennes et historiens qui ont critiqué cette thèse.  Groulx se disait, quant à lui, opposé à l’antisémisme.  Ce débat, il faut le dire, a fait mal paraître Groulx qui n’était pas sans taches…

 

  1. Que retenir de Lionel Groulx?

Outre qu’il ait laissé son nom à des rues, une station de métro de Montréal, à un CEGEP, un théâtre, un pavillon de l’Université de Montréal, une Fondation, Lionel Groulx a reçu quantité d’honneurs, allant d’un prix de l’Académie française, et de la Société Royale du Canada, deux prestigieuses institutions. Il a rédigé quantité d’écrits qui ont été colligés entre autres sur le site de Wikipédia, sous son nom :  l’envergure de ses écrits peut être qualifié de phénoménale!  Sa crédibilité, en son temps, lui venait, entre autres, d’avoir été le mentor de quantités d’historiens d’une autre génération, qui ont, à leur tour, fait la promotion de l’enseignement et de l’apprentissage de l’histoire.  L’abbé Groulx est décédé dans sa ville natale de Vaudreuil le 23 mai 1967 et le gouvernement lui a organisé des funérailles nationales en cette ère de la Révolution Tranquille qui avait mis en branle les étapes de la laïcisation de l’État québécois!

 

Luc Guay Ph.D
Didactique de l’histoire
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke

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1er trimestre 2023, Régime canadien