Naissance de René Lévesque – 1922

  1. « Maîtres chez nous »!

Les rêves de René Lévesque étaient certes nombreux, mais nous allons nous concentrer sur ceux qu’il chérissait comme homme politique.  Rappelons qu’il fit partie de « l’équipe du tonnerre » dirigée par le premier ministre libéral, Jean Lesage, et qui fut à  l’origine de la Révolution tranquille des années 1960.  La nationalisation de l’hydroélectricité fut un immense cheval de bataille qu’il a mené, sachant que le rapatriement de ce levier allait profiter à tous les Québécois et à toutes les Québécoises.  Le fameux « Maîtres chez nous » devint un slogan si puissant en 1962 qu’il ralliera une majorité de Québécois et de Québécoises derrière le Parti libéral du Québec. Aujourd’hui, Hydro-Québec est l’une des sociétés les plus admirées au Québec et contribue à son développement socio-économique de façon multiple.

 

  1. « On ne va pas en politique pour se servir, mais pour servir ».

Quand René Lévesque quitte le Parti libéral du Québec pour fonder le Parti Québécois en 1968, c’était pour faire avancer, entre autres, les principes de la sociale-démocratie. La première élection d’un gouvernement du Parti Québécois, en 1976,  lui permit de faire avancer ses idées progressistes en faisant voter des lois visant la protection de secteurs négligés par les gouvernements précédents, tels que ceux de la protection de la langue française,  du consommateur, de la jeunesse, du territoire agricole, de l’environnement, des autochtones, puis des gais et lesbiennes.  Il fit également voter la fameuse loi portant sur le financement des partis politiques, qui, jusque-là, n’était pas régulé, une politique exemplaire qui fut suivie par l’ensemble des autres provinces du Canada.  Il voulait s’assurer que les grands lobbys, notamment ceux économiques, n’imposent pas leurs vues sur les politiques gouvernementales.

 

  1. La vie politique n’est pas un long fleuve tranquille…

Si René Lévesque a été le promoteur de grands changements sociaux et économiques, il nous faut souligner qu’il a subi d’importants échecs, qui ont marqué son parcours.  Rappelons la défaite au référendum de 1980. La question, jugée trop longue et compliquée par les analystes politiques, demandait à la population l’autorisation de négocier la souveraineté-association avec le gouvernement fédéral. La machine fédérale voulait à tout prix faire pencher la balance du côté des tenants du NON, en promettant de mettre en œuvre des réformes qui satisfassent le Québec.  Et la stratégie a fonctionné : le soir du dépouillement des votes, le camp du NON a récolté près de 60% des votes contre 40%!  Lévesque, ce soir-là, ne put s’empêcher de déclarer à ses partisan·es venu·es l’encourager:  « Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de me dire :  à la prochaine fois ! ».

 

Puis, il y a eu le fameux rapatriement de la Constitution en 1982 et la « Nuit des Longs Couteaux », au cours de laquelle il s’est retrouvé complètement isolé face aux autres premiers ministres canadiens, qui avaient accepté l’offre de rapatriement du premier ministre Pierre-Elliot Trudeau. Le Québec n’a jamais signé cette nouvelle Constitution qui devait, selon les dires exprimés par M. Trudeau, satisfaire les intérêts du Québec!  Puis ce fut la politique du « Beau risque », qui visait à rétablir un peu les ponts avec le nouveau futur premier ministre Brian Mulroney, qui souhaitait que le Québec réintègre la famille canadienne « dans l’honneur et l’enthousiasme ».  Plusieurs de ses ministres et militant·es n’ont pas accepté ce nouveau défi et ont quitté les rangs du Parti Québécois.  Ce vent de mécontentement provoqua sa démission comme chef du Parti Québécois, en 1985.  Ce fut un moment douloureux tant pour lui que pour des milliers de partisans et de partisanes.  Il est sorti aigri de la vie politique.  Décédé deux ans plus tard, il a eu bien évidemment droit à des funérailles d’État et fut acclamé tout le long du cortège funèbre, tant il a été aimé de la population, peu importe les allégeances politiques.

 

Ce fut un grand démocrate qui s’est distingué par ses talents d’orateur et la simplicité avec laquelle il pouvait résumer les politiques qui lui tenaient à cœur.

 

Luc Guay, Ph.D
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke

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3e trimestre 2022, Régime canadien