Né le 22 janvier 1799, Ludger Duvernay est reconnu pour ses prises de position pour le parti Patriote dont il va défendre les orientations, d’abord comme journaliste et éditeur du journal La Minerve dont il fait l’acquisition en 1827, et comme député de ce parti en 1837. Son engagement citoyen comme patriote et pourfendeur de la gouvernance britannique qui l’avait fait emprisonner à trois reprises soit en 1827 en 1832 et en 1836, et comme l’un des fondateurs de la Société Saint-Jean-Baptiste en 1834 le propulsèrent parmi les têtes dirigeantes du parti Patriote.
- L’influence de La Minerve
Le journal La Minerve, passe en 1832, sous sa direction, de 300 abonnés à 1300 : tout un exploit pour un journal qui se disait le porte-voix des revendications du parti Patriote dont l’essentiel était contenu dans les 92 Résolutions votées par la Chambre d’Assemblée du Bas-Canada en 1834. Mais comme les positions du journal proposaient aussi la séparation de l’Église et de l’État, le clergé catholique lui refusa ses appuis et proposa même son boycottage. À l’opposé, le chef du parti Patriote, Louis-Joseph Papineau, lui avait par contre offert une plaque honorant les principes de la liberté de presse!
- Sa tête mise à prix
Lors des événements de 1837 mettant aux prises les partisans du parti Patriote et l’administration britannique dirigée par le gouverneur Gosford et la Clique du Château, sa tête est mise à prix comme les 25 autres têtes dirigeantes du parti patriote. Rappelons que le parti Patriote dirigé par Louis-Joseph Papineau, revendiquait des changements dans la gouvernance du Bas-Canada (le Québec actuel) visant l’obtention d’un gouvernement responsable et le contrôle des finances publiques. Ludger Duvernay dut s’enfuir aux États-Unis pour échapper à l’emprisonnement comme le prévoyait l’ordre transmis par le gouverneur Gosford.
- Un exil aux États-Unis
Installé dans l’État du Vermont (Burlington), il fonde un autre journal, Le Patriote Canadien afin de poursuivre ses luttes pour la défense des droits des habitants du Bas-Canada pour l’obtention, entre autres d’un gouvernement responsable. Ses articles sont même allés jusqu’à inciter ses concitoyens bas-canadiens à s’opposer à l’union du Bas et du Haut-Canada telle que proposée par Lord Durham suite aux luttes menées par les Patriotes en 1837-1838. À son grand désarroi, ce fut chose vaine car l’Union fut scellée en 1840.
- Un retour d’exil bouleversant
Après l’amnistie de 1842 accordée aux partisans patriotes exilés et emprisonnés, Ludger Duvernay revint à Montréal pour poursuivre la publication de La Minerve. Il appuya sans réserves le chef du parti Réformiste (parti qui succéda au parti Patriote) du Bas-Canada, Louis-Hippolyte Lafontaine, dans ses démarches pour l’obtention d’un gouvernement responsable, comme l’avait promu quelques années plus tôt, le parti Patriote. Revenant sur ses propos anti-unionistes, Ludger Duvernay jugea que cette nouvelle union était la meilleure des solutions considérant la situation suite aux combats menés en 1837-1838. Il critiqua vivement Louis-Joseph Papineau, l’ancien chef du parti Patriote qui à son retour d’exil, exprimait sa vive opposition à cette union qu’il considérait comme un projet d’assimilation des « Canadiens-français » à la culture britannique.
- La promotion de la Société Saint-Jean Baptiste
Ludger Duvernay décéda à Montréal le 28 novembre 1852 après avoir relancé en 1843 avec Denis-Benjamin Viger, la Société Saint-Jean-Baptiste qui avait été mise en veilleuse après les troubles de 1837-1838. La Société Saint-Jean-Baptiste qui avait épousé les orientations modérées des Réformistes de Louis-Hippolyte Lafontaine et de George-Étienne Cartier, dut affronter celles des membres de l’Institut canadien qui prônaient des positions plus libérales promues par Louis-Joseph Papineau par exemple.
Luc Guay, Ph.D
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke