Naissance du marquis de Vaudreuil – 1698

  1. Un jeune officier prodige

Pierre de Rigaud de Cavagnial, marquis de Vaudreuil, a l’insigne honneur d’être à la fois le premier Canadien à être gouverneur de la Nouvelle-France et aussi d’être le dernier de celle-ci. Né à Québec en 1698, son père était Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil, qui fut gouverneur général de la Nouvelle-France entre 1703 et 1725. Il se joint à l’armée française en 1708 à l’âge de dix ans et connait une ascension  très rapide devenant lieutenant à 13 ans et capitaine à 17 ans dans les troupes de la marine.  En 1728, il est promu au grade de major, puis en 1730 à celui de lieutenant de vaisseau, tout en se voyant décerner la prestigieuse décoration de la croix de Saint-Louis. Il gravit ensuite les échelons de la fonction publique coloniale grâce à ses  propres capacités innées. Il se montra indéniablement un administrateur habile.

 

  1. Il pourvoit plusieurs postes de gouverneur

De 1733 à 1742, il fut gouverneur de Trois-Rivières où il apprit vite à gouverner avec sagesse et à se constituer un cercle de fidèles partisans. En 1743, il devient gouverneur de la Louisiane où il effectua un travail remarquable en consolidant la défense de la colonie et en assurant la prospérité économique de celle-ci par le développement de la culture de l’indigo.  Aussi, en 1755, Louis XV le nomma gouverneur de la Nouvelle-France. D’entrée de jeux, le nouveau gouverneur devint très populaire auprès de la population canadienne, de la haute société coloniale et des hauts fonctionnaires français par ses manières élégantes, la tenue de grands événements sociaux et sa capacité d’apaiser les frictions parmi les différentes factions de la colonie.

 

  1. Mésentente avec le général Montcalm

Néanmoins, Vaudreuil s’avéra incapable d’établir des rapports fonctionnels avec le Marquis de Montcalm, le général commandant les troupes françaises au Canada. Ce dernier, prenant ombrage de la supervision du gouverneur, ignorait les ordres de Vaudreuil. Alors que le gouverneur entretenait de très bonnes relations avec la milice canadienne et les alliés autochtones, Montcalm méprisait ces deux groupes. Sa préférence à s’en remettre essentiellement aux troupes métropolitaines le rendait incapable de faire un bon usage des troupes irrégulières dont il disposait. Vaudreuil fut incapable de convaincre Montcalm de changer sa position. Après la défaite de Montcalm sur les plaines d’Abraham, Vaudreuil tenta sans succès de rallier les forces françaises restantes. Il fut contraint de capituler à Montréal en septembre 1760 devant le général Amherst. L’animosité entre Montcalm et Vaudreuil explique en partie la défaite finale de la France en Amérique du Nord.

 

  1. Après la Conquête britannique, il retourne en France

En 1762, Vaudreuil retourna en France. Il est temporairement emprisonné, ciblé comme étant l’un des nombreux boucs émissaires de la défaite de la France dans le Nouveau Monde. Sur les 21 dirigeants traduits en justice, 10 furent condamnés. Quant à Vaudreuil, il fut disculpé par un  tribunal militaire en décembre 1763. Il obtient même après coup une décoration et une pension. Entre-temps, il avait vendu ses seigneuries canadiennes à son cousin, le marquis de Lotbinière, et se retira dans son domaine ancestral près de Rouen où il décéda en 1778.

 

Gilles Vandal
Ph. D. en histoire
Professeur émérite de l’Université de Sherbrooke

Category
4e trimestre 2023, Régime français