Né à Montréal le 7 octobre 1786, Louis-Joseph Papineau décéda à Montebello le 23 septembre 1871.
Un politicien engagé
Élu député sous la bannière du parti Canadien dès 1808, il en devint le chef en 1815 et fut élu président de la Chambre d’Assemblée de 1815 à 1837. Il épousa Julie Bruneau en 1818 avec laquelle il eut 9 enfants et entretint une longue correspondance. Le parti Canadien changea de nom pour celui de Patriote en 1825 : c’est à cette époque que les députés se penchèrent sur des revendications visant une gouvernance plus démocratique du Bas-Canada, menant à la rédaction des 92 Résolutions.
Leurs principales revendications portaient sur l’abolition du droit de véto du gouverneur général, la nomination des membres des conseils législatif et exécutif par les députés élus par la population, et l’accession des Canadiens-français aux postes supérieurs de l’administration publique. Ces revendications ont été transmises en 1834 à Londres et c’est le 6 mars 1837 que le Parlement britannique transmit son rejet, provoquant un vent de mécontentement dans la population du Bas-Canada.
De nombreuses assemblées populaires furent organisées comme à Saint-Charles, les 23 et 24 octobre 1837, où près de 6000 personnes s’étaient déplacées pour entendre les principaux chefs de file du parti Patriote, dont Louis-Joseph Papineau et Wolfred Nelson. Et ces assemblées publiques devinrent de plus en plus populaires, bravant l’interdiction du gouverneur Gosford, qui avait fait paraitre, quelques mois plus tôt, une proclamation interdisant les assemblées populaires. Il les avait interdites parce que, selon lui, elles alimentaient la rébellion contre les institutions britanniques. De plus, il procéda à la dissolution de la Chambre d’Assemblée ! Papineau affirmait que cette proclamation était anticonstitutionnelle : il a été traité « d’agitateur en chef » par le gouverneur général et son entourage.
Aussi, le 16 novembre, le Gouverneur mit la tête de Papineau à prix et un mandat d’arrestation fut lancé, octroyant “4000 piastres” de récompense pour sa capture : une véritable fortune à cette époque. Mais personne n’a dénoncé Papineau, ni les 25 autres chefs du parti ! Papineau et Wolfred Nelson se réfugièrent à Saint-Denis, ce qu’apprend l’État major britannique, qui envoya une troupe pour les capturer le 23 novembre. Cet évènement marqua en quelque sorte le début du conflit armé entre Patriotes et Loyaux du Bas-Canada. Soulignons que Papineau ne souhaitait pas en découdre avec l’armée britannique, qu’il savait beaucoup mieux armée et entrainée que les miliciens patriotes : sur cette question, Wolfred Nelson était en complet désaccord.
Papineau dut se réfugier aux États-Unis où il vécut en exil de 1837 à 1839, puis en France de 1839 à 1845. Il revint au pays en 1845 après avoir été amnistié en 1844. De 1847 à 1854, il fut réélu député du Canada-Uni et s’opposa à son ancien collègue Louis-Hippolyte Lafontaine, qui prônait l’Acte d’Union.
Il décéda en 1871 à Montebello, aigri de vivre sous l’Acte d’Union (1840) puis sous la Confédération canadienne (1867).
Luc Guay, Ph.D, professeur retraité de l’Université de Sherbrooke.