Bataille de Monongahela – 1755

Au début des années 1750, la rivalité de franco-britannique pour le contrôle de l’Amérique du Nord s’intensifia. L’expansion britannique au-delà des Appalaches menaçait la domination française sur la vallée du Mississippi et ses affluents et l’Ohio. Alors que les colons britanniques construisaient le Fort Necessity, les autorités françaises érigeaient le Fort Duquesne (Pittsburg) au confluent des rivières Ohio, Monongahela et Allegheny. La reddition des 250 miliciens Virginiens  commandés par le jeune colonel George Washington et la prise du Fort Necessity par les Canadiens en juillet 1754 amena les autorités britanniques à entreprendre une opération militaire de plus grande envergure.

  1. L’arrivée du général Braddock 

Il fallait donc reconquérir la vallée de l’Ohio. Pour ce faire, les autorités britanniques conçurent une offensive portant sur quatre fronts. Le général Edward Braddock, nouveau commandant en chef des forces britanniques en Amérique du Nord, fut l’officier désigné pour mener la principale offensive, soit celle de s’emparer du Fort Duquesne. Arrivé en Amérique en février 1755, Braddock nota immédiatement la méfiance des gouverneurs coloniaux  à l’égard de sa stratégie. 

  1. Une méfiance face à la stratégie de Braddock

Braddock divisa le corps expéditionnaire en deux groupes, partant tous deux du Fort Cumberland au Maryland. Une première force suivait une trajectoire nord via la Pennsylvanie, alors qu’un deuxième groupe emprunta une voie Sud en passant par Winchester en Virginie avant de se diriger vers la vallée de l’Ohio. Braddock se joignit à la deuxième force. Cette stratégie répondait à un besoin logistique (ravitaillement, artillerie, chariots) pour maintenir une armée en campagne, en misant sur le soutien des différents gouverneurs coloniaux.  Toutefois, la stratégie de Braddock souffrait d’une lacune majeure: son manque de soutien des Amérindiens causé en partie par le mépris et l’arrogance de Braddock à l’égard des tribus amérindiennes sur ses intentions déclarées d’expulser les Français de la vallée de l’Ohio et de s’assurer qu’ « aucun sauvage ne devrait hériter de la terre ». 

  1. La réaction du commandant Contrecoeur

Pour faire face aux troupes britanniques, le commandant du Fort Duquesne, Claude-Pierre Contrecœur  ne disposait que de 1 600 hommes, composés en forte majorité de miliciens canadiens et leurs alliés amérindiens. Conservant la moitié de ses troupes pour défendre le Fort Duquesne, il octroya au capitaine Beaujeu la mission de tendre une embuscade aux troupes de Braddock avec seulement 250 soldats réguliers et miliciens et près de 600 Amérindiens.

A l’approche du Fort Duquesne, Braddock, disposant de 1 400 hommes, décida de prendre les Français par surprise, et cela sans attendre l’arrivée des 1000 soldats du colonel Thomas Dunbar, qui amenait le gros des bagages, chariots et artillerie. Profitant du terrain et utilisant des tactiques de guérilla, les Français et leurs alliés amérindiens attaquaient par surprise les Britanniques en se dissimulant derrière les arbres pour se réfugier ensuite dans les bois. Décontenancées par cette tactique militaire inhabituelle, les forces régulières britanniques se désagrégèrent graduellement créant un climat de panique. Braddock fut blessé mortellement;  le jeune colonel Washington, organisa la retraite des forces anglos-américaines.  La victoire française fut totale : 456 soldats britanniques moururent et 422 furent blessés, alors que du côté Français, les pertes se limitèrent à 23 tués dont le capitaine Beaujeu et 20 blessés. Mais cela n’était que partie remise. La conflit allait dégénérer dans une lutte à finir pour le contrôle de l’Amérique du Nord. Le Fort Duquesne tomba aux mains des troupes britanniques en septembre 1758.  La bataille de la Monongahela de 1755 s’avéra un fait grandiose, mais éphémère.

 

 

Gilles Vandal
Professeur émérite de l’Université de Sherbrooke

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2e trimestre 2025, Régime canadien