Lors de son deuxième voyage en Nouvelle-France, Jacques Cartier a marqué l’histoire en remontant le fleuve saint-Laurent avec pour mission de découvrir des richesses, notamment de l’or et de trouver un passage vers l’Asie, objectif que plusieurs puissances européennes de l’époque souhaitait atteindre.
Après avoir accosté à Stadaconé (aujourd’hui Québec), il rencontre le chef iroquoien Donnacona qu’il avait rencontré l’année précédente à Gaspé, à qui il fait part de son intention d’explorer le territoire plus à l’Ouest. Le chef Donnacona tenta de le dissuader car il estimait que si Cartier se rendait jusqu’à Hochelaga, cela mettrait en péril son monopole commercial avec ces Européens.
- L’arrivée de Cartier à Hochelaga
Malgré les tentatives de Donnacona, Cartier quitte Stadaconé à bord de l’Émérillon le 19 septembre 1535. Après avoir remonté le fleuve jusqu’au lac Saint-Pierre, il poursuit en barque avec une trentaine d’hommes. Le 2 octobre, il atteint l’île de Montréal, puis marche environ 8 km à travers champs de maïs et forêts de chênes pour arriver au village d’Hochelaga. Il est accueilli de façon festive par la population et son chef que Cartier désigne sous le titre d’« agouhanna », terme générique pour chef dans la langue iroquoienne, sans que le nom propre du chef ne soit mentionné. Les échanges de présents sont au coeur de la rencontre : les Français offrent des couteaux aux hommes et des objets ménagers aux femmes, tandis que les Iroquoiens leur remettent du quartz et des morceaux de cuivre, matériaux qu’ils considèrent comme précieux.
- Un village fortifié
Cartier et ses compagnons sont impressionnés par l’ampleur et l’organisation du village. Hochelaga est entouré d’une palissade de bois haute d’environ 10 m et ne comportant qu’une seule entrée et défendue par des galeries permettant aux guerriers de défendre leur position en cas d’attaques. À l’intérieur, une cinquantaine de longues-maisons, recouvertes d’écorce, abritent plusieurs familles chacune, selon une organisation matriarcale. La population est estimée à environ 1500-2000 habitants, ce qui en faisait un centre important. Les visiteurs découvrent également d’importantes réserves de maïs et de poisson séché.
- Une rencontre cordiale malgré la barrière linguistique
La communication entre les deux groupes se fait principalement par signes, faute d’interprète. Malgré le choc culturel et la barrière linguistique, la rencontre est cordiale et la curiosité…réciproque! Les échanges de présents prennent une dimension diplomatique marquant une relation amicale et pacifique. Le lendemain, Cartier et ses hôtes grimpent une montagne qu’il nomme Mont Royal. De là, il aperçoit les rapides de Lachine, un obstacle qui met fin à sa progression vers l’Ouest. Ses hôtes lui font néanmoins comprendre qu’au-delà de ces rapides se trouveraient des terres riches en or, ce qui alimente ses ambitions de poursuivre ses explorations futures. Il quitte Hochelaga le 5 octobre, et passe l’hiver à Stadaconé, une rude épreuve pour les Français qui durent affronter le froid ainsi que le scorbut…
Son passage à Hochelaga en 1535 marque le premier contact documenté entre Européens et Iroquoiens de la région de Montréal. Son témoignage nous est précieux puisqu’il nous livre des informations importantes sur la société iroquoienne du 16e siècle.
Luc Guay, Ph.D
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke
