Vaudreuil et la capitulation de Montréal – 1760

  1. Un gouverneur Canadien

Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial eut une carrière unique dans l’histoire de la Nouvelle-France. Fils du gouverneur Philippe de Rigaud Vaudreuil, il est né en 1698 à Québec. Il devint lui aussi gouverneur de la colonie en 1755, après avoir successivement été gouverneur de Trois-Rivières entre 1733 et 1742 et de la Louisiane entre 1743 et 1754. il fut le seul et dernier gouverneur général Canadienfrançais en Amérique du Nord. Plus encore, c’est sous sa gouvernance que les Britanniques conquièrent la colonie entre 1759-1760. 

 

  1. Une relation conflictuelle avec Montcalm

Détenant l’autorité civile suprême en Nouvelle-France, il était aussi le commandant en chef des forces françaises dans la colonie. Toutefois, il se heurta rapidement au Marquis de Montcalm, le commandant militaire dépêché par Versailles qui s’opposait à sa supervision. Les deux hommes ne partageaient pas la même vision sur ce qui devait être la stratégie globale de la défense de la colonie. Alors que Montcalm préconisait le recours à une stratégie classique européenne de batailles rangées, Vaudreuil favorisait une stratégie de guérilla basée sur un harcèlement des troupes britanniques dans laquelle les troupes canadiennes et amérindiennes excellaient.

 

  1. La chute de Québec

Vaudreuil débuta sa gouvernance de la Nouvelle-France, alors que la guerre de Sept-Ans avait déjà été enclenchée en Amérique. Au début, les forces franco-canadiennes résistèrent vaillamment avec la prise du fort Oswego et la bataille de Carillon. Mais ensuite les désastres s’enchaînèrent avec les pertes des forts Duquesne et Frontenac et la chute de Louisbourg. Finalement, le siège de Québec, la bataille des Plaines d’Abraham dans laquelle Montcalm mourut et la chute de Québec marquèrent l’année 1759. 

 

  1. La chute de Montréal

Néanmoins, Vaudreuil tenta de rallier la résistance aux Britanniques, mais en vain. En dépit de la victoire de Sainte-Foy, Lévis, le nouveau commandant des forces françaises, ne put reprendre Québec où les Britanniques se retranchèrent derrière les murailles de la ville. Puis des renforts et du ravitaillement arrivèrent en premier aux Britanniques. Lévis fut forcé de lever le siège après seulement deux semaines et se replier et battre en retraite. Durant l’été 1760, le rouleau compresseur britannique se mit en branle : différentes armées fortes de 18 000 hommes convergèrent vers Montréal à partir de Québec, des Grands-Lacs et du Lac Champlain.                                                                                                                     

Confronté à une infériorité numérique écrasante des troupes et à un manque de ravitaillement criant, Vaudreuil persuada Lévis que toute résistance devenait inutile. Les Britanniques exigèrent une capitulation sans condition. La reddition et l’occupation de Montréal, la dernière grande place existante de la colonie, survint le 8 septembre 1760 et concrétisa la conquête de la Nouvelle-France. Dès après, Vaudreuil vendit ses deux seigneuries qu’il possédait au Canada et se retira en France, comme le firent 3 000 autres notables franco-canadiens. 

 

  1. Emprisonné en France puis décoré

Cependant, Vaudreuil devint rapidement le bouc émissaire pour expliquer la perte de la Nouvelle-France. Il fut traduit en justice avec 21 autres dirigeants de l’ancienne colonie. Toutefois, après avoir été temporairement emprisonné à la Bastille, il fut exonéré par le tribunal militaire en décembre 1763. Il bénéficia ensuite d’une pension royale et reçut même une décoration militaire. Retiré dans son domaine ancestral près de Rouen, il mourut en août 1778.

 

 

Gilles Vandal Ph.D
Professeur émérite de l’Université de Sherbrooke

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2e trimestre 2025, Régime canadien