Décès de Laure Conan – 1924

Née à la Malbaie en 1845 sous le nom de Félicité Angers, Laure Conan est reconnue comme la première romancière francophone à vivre de sa plume au Canada.

  1. Abattre les obstacles pour vivre de sa plume

Sa formation scolaire chez les Ursulines l’amène non seulement à s’intéresser à la littérature, mais aussi à y consacrer temps et énergie dans l’espoir d’y trouver le moyen d’en vivre.  Mais les obstacles sont nombreux à cette époque, pour qu’une femme puisse rivaliser avec les hommes sur ce « terrain » d’activité.

Elle publie son premier texte Un amour vrai en 1878 sous le pseudonyme de Laure Conan dans la Revue de Montréal.  Son talent est remarqué par des personnalités du monde littéraire telles que Thomas Chapais,  l’abbé Paul Bruchési,  Octave Crémazie, Pierre-Olivier Chauveau, Louis Fréchette, Alfred Garneau, Robertine Barry, l’abbé Lionel Groulx, Albert Lozeau… l’encourageant à continuer à se démarquer dans ce cercle jusque-là occupé par les hommes.                                                           

  1. Un premier succès : le roman Angéline de Montbrun

Elle rédige alors nombre de chroniques, de biographies ainsi que des nouvelles à saveur sociohistorique pour diverses revues, ce qui l’encourage à rédiger son premier roman Angéline de Montbrun.  D’abord publié dans la Revue Canadienne de Montréal sous forme de feuilletons entre les années 1881 et 1882, ils sont publiés en format roman en 1884 grâce au soutien de son mentor, l’abbé Bruchési avec qui, toutefois,  elle se brouillera quand ce dernier voulut dévoiler son identité dans la rédaction de la préface du roman. 

Angéline de Montbrun est considéré comme le premier roman rédigé par une Québécoise : roman psychologique mettant en scène une jeune fille qui renonce au mariage après avoir été défigurée lors d’une chute.  Est-ce que ce roman est autobiographique?  Certains le pensent étant donné que Laure Conan avait connu une relation amoureuse durant les années 1862-1867 qui se termina par une rupture qui la blessa amèrement et qui prit le parti d’adopter le célibat comme mode de vie.                                                                                       

  1. Vivre de sa plume, le rêve de sa vie 

Grâce au succès de ce premier roman, Laure Conan put se consacrer entièrement à l’écriture :  elle publia quantité d’articles et de biographies de personnages tant historiques que religieux qui lui seront commandés entre autres par des communautés religieuses avec lesquelles elle entretenait des relations personnelles.

La consécration vint avec la publication en 1891 de son roman À l’heure de l’épreuve qui lui valut la prestigieuse décoration française de l’Ordre des Palmes académiques en 1898.

Elle enchaîna avec L’oublié publié en 1900 qui lui valut une autre reconnaissance, soit le prix Montyon décerné par l’Académie française en 1903!

Malgré le succès de ses romans, Laure Conan rencontra nombre de difficultés à se faire rembourser ses droits d’autrice tant par ses éditeurs Français que Canadiens, allant même jusqu’à s’en plaindre au Premier ministre Wilfrid Laurier! Ses revendications visant le respect des droits d’auteur seront soutenues par d’autres personnalités qui, au fil des ans, ont mené le même combat.

Son dernier roman, La sève immortelle sera publié à titre posthume,  un an après son décès survenu à Québec en 1924.                                                            

  1. Un style d’écriture intemporel

Son roman Angéline de Montbrun a souventes fois été réédité et enseigné tant dans les écoles secondaires, qu’au CÉGEP et les Universités, soulignant le caractère exceptionnel de son écriture où le mode épistolaire prend une large place, et laissant aux personnages l’occasion d’exprimer leurs émotions et leurs sentiments les plus intimes dans leurs relations avec leur entourage.

 

Luc Guay, Ph.D
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke

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— 2e trimestre 2024, Régime canadien