- Un acteur de premier plan de la Révolution Tranquille
Paul Gérin-Lajoie (1920-2018) fut une figure emblématique de la Révolution Tranquille au Québec, période charnière de modernisation des années 1960. Membre influent de « l’équipe du tonnerre » de Jean Lesage, il marqua profondément l’histoire québécoise en tant que premier Ministre de l’Éducation de 1964 à 1966.
Rappelons que la Révolution Tranquille a engendré une profonde transformation de la société québécoise. Cette ère de modernisation a non seulement permis la refonte des institutions et des infrastructures, mais a également insufflé à la population une nouvelle confiance en ses capacités. Les Québécois ont répondu avec enthousiasme aux appels au changement lancés par le Parti libéral de Jean Lesage, comme en témoignent les slogans emblématiques “C’est le temps que ça change!” (1960) et “Maîtres chez nous” (1962). Et Paul Gérin-Lajoie a été l’un des membres influents de cette « équipe du tonnerre » jusqu’en 1969 au terme d’une décennie fructueuse en politique. Grâce à son engagement politique, il a fait la promotion de la fréquentation scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans, mais aussi d’un système axé sur la gratuité et l’accessibilité de l’enseignement public.
- Le Québec dans la cour des Grands en diplomatie
Gérin-Lajoie a joué un rôle fondamental dans l’établissement de la diplomatie québécoise à l’international : en 1965, il a énoncé ce qui est devenu connu sous le nom de « doctrine Gérin-Lajoie », un principe important pour l’établissement des relations internationales du Québec. Cette doctrine stipule que le Québec peut négocier et conclure des accords avec des gouvernements étrangers dans ses domaines de compétence constitutionnelle, dont l’éducation, la culture, la santé et les ressources naturelles. Il va sans dire que cette approche permet au Québec de projeter son identité distincte sur la scène internationale.
- Son engagement citoyen à l’international
Son engagement politique se poursuivit en 1970 puisqu’il occupa le poste de président de l’agence canadienne de développement international (ACDI); il a aussi été nommé vice-président du Conseil des gouverneurs du Fonds africain de développement et membres du CRDI (Centre de recherches pour le développement international).
Son engagement citoyen l’a aussi mené à la création de la Fondation Paul Gérin-Lajoie en 1977, fondation qui avait pour mission d’aider les enfants des pays en voie de développement à s’épanouir grâce à l’éducation. Cette fondation est aujourd’hui bien connu tant au Québec qu’au Canada et à l’international grâce à la dictée PG, qui vise à sensibiliser les élèves francophones de l’importance d’une langue bien parlée : cette activité permet également d’amasser des fonds pour la construction d’écoles dans les pays en voie de développement.
- Ses engagements citoyens reconnus
Au fil du temps, ses engagements tant politiques que sociaux et culturels lui ont valu d’importantes marques de reconnaissance comme l’obtention de 13 doctorats honorifiques, des titres de Compagnon de l’Ordre du Canada, Grand officier de l’Ordre national du Québec, Chevalier de la Légion d’honneur et s’est mérité la Médaille du Jubilé de la Reine Elizabeth II et la Médaille d’or Albert-Einstein de l’UNESCO.
- « Combats d’un révolutionnaire tranquille »
Enfin, il a rédigé, Combats d’un révolutionnaire tranquille (1989), ouvrage qui permet de mieux saisir les enjeux de la Révolution Tranquille : Gérin-Lajoie y expose ses réflexions qui ont mené aux transformations politiques et sociales qu’il souhaitait mettre en branle dans ce Québec prêt à prendre un virage vers la modernité.
« Si tu peux y rêver, tu peux le réaliser! », voilà le leitmotiv de ce grand citoyen qu’il n’a cessé de répandre au cours de sa longue et passionnante vie. Il s’est éteint le 25 juin 2018 à l’âge de 98 ans et a eu droit à des funérailles nationales le 9 août 2018.
Luc Guay, Ph.D
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke