Née dans une famille aisée dont le père a été député provincial (parti libéral) puis juge et dont le grand-père occupa les mêmes fonctions au fédéral, Simonne Monet-Chartrand fut vite conquise pour les causes de justice sociale.
- Une rencontre qui changea sa vie
Dès l’âge de 18 ans, elle s’active dans le mouvement de la JEC (jeunesse étudiante chrétienne) qui lui permettra de rencontrer des personnalités qui feront leurs marques au cours des décennies comme Jeanne Sauvé, Thérèse Casgrain, Solange Chaput-Roland, Gérard Pelletier ainsi que Michel Chartrand qui deviendra son mari contre l’avis de ses parents. C’est même l’historien l’abbé Lionel Groulx qui célébra son mariage avec le syndicaliste Michel Chartrand en 1942. Le couple aura sept enfants de cette union.
- Une activiste féministe
À 20 ans, elle adhère aux luttes féministes pour l’obtention, entre autres, du droit de vote des femmes, militantisme qui lui collera à la peau sa vie durant. Elle participa à de nombreux congrès internationaux visant la promotion du féminisme bien entendu, mais aussi de justice sociale et de paix. En fait, elle souhaitait ardemment que les femmes puissent intégrer le marché du travail afin de se libérer de la tutelle économique de leurs maris en quelque sorte, tout en revendiquant l’équité salariale avec les hommes.
- Une activiste politique
Outre le féminisme, elle s’activa politiquement dans des partis politiques dont le Bloc populaire canadien qui s’afficha contre la conscription durant la Seconde Guerre mondiale, et même dans le parti Rhinocéros qui se voulait une caricature des partis politiques traditionnels.
Durant la grève d’Asbestos en 1949, elle accompagna Michel Chartrand, leader syndicaliste venu soutenir le combat des travailleurs de la mine contre la multinationale et le gouvernement Duplessis qui avait condamné le débrayage des mineurs et qui avait décrété la mise en place de briseurs de grève. Rappelons que cette grève avait mis les projecteurs sur de futurs leaders politiques dont Pierre-Elliott Trudeau, Gérard Pelletier, Jean Marchand qui avaient épousé les mêmes luttes que celles du duo Monet-Chartrand durant ce conflit. Mais 20 ans plus tard, quand les mesures de guerre ont été décrétées par le gouvernement Trudeau en octobre 1970, et que Michel Chartrand avait été incarcéré comme le furent plus de 400 femmes et hommes soupçonnés d’être proches des membres du FLQ, Simonne Monet-Chartrand s’engagea encore plus à fonds dans la sphère sociopolitique. Elle s’engagea entre autres dans la Ligue des droits de l’homme comme directrice générale adjointe. Elle publiera en 1988 L’espoir et le défi de la paix.
- Quand famille et militantisme font bon ménage
Il faut aussi retenir de cette militante qui, s’étant affranchie de l’environnement aisé de ses parents, a dû composer avec la précarité financière du couple. Les tâches domestiques l’ont beaucoup occupée et préoccupée, estimant qu’une famille composée de sept enfants et d’un mari activiste souvent parti à l’extérieur ou même en prison à cause de ses idées anticonformistes, exigeaient d’elle une présence continue, ce qu’elle fit avec détermination, malgré une santé plutôt fragile.
- Ma vie comme rivière : un témoignage éloquent sur un pan de l’histoire du Québec du 20e siècle
En 1978 elle commença la rédaction de ses mémoires, rédaction qui se termina en 1992 sous le titre de Ma vie comme rivière comptant quatre tomes. Cet ouvrage illustre tout un pan de l’histoire sociale et politique du Québec du 20e siècle, des années 1930 à 1990. On lui doit aussi des titres sur l’histoire du féminisme dont Pionnières québécoises et regroupements de femmes d’hier à aujourd’hui (1990), et la suite qui parut en 1994 un an après son décès, Pionnières québécoises et regroupements de femmes. Un autre manuscrit fut aussi édité après son décès, Les Québécoises et le mouvement pacifiste.
- Une femme engagée et engageante
Simonne Monet-Chartrand, tant par ses écrits, ses conférences que par ses actions de militante, a réussi à mobiliser des quantités de femmes et d’hommes dans l’espoir d’améliorer le sort des travailleurs, des femmes et des plus démunis de la société. Elle s’est éteinte dans sa maison sur les bords du Richelieu en janvier 1993.
Luc Guay, Ph.D
Professeur retraité de l’Université de Sherbrooke